SCHISME D’ORIENT

SCHISME D’ORIENT
SCHISME D’ORIENT

SCHISME D’ORIENT

Nom donné à la rupture, consommée au XIe siècle, entre Rome et l’Église byzantine, laquelle fut appelée par la suite Église orthodoxe et comporta des rites divers. Le schisme d’Orient trouve ses origines dans la haute histoire du christianisme. Très tôt, en effet, des querelles dogmatiques, à propos de la nature du Christ notamment (monophysisme), opposèrent les Orientaux aux Occidentaux. Les empereurs byzantins intervinrent fréquemment, aux VIe et VIIe siècles, dans ces disputes et voulurent imposer leur doctrine, du fait même qu’ils prétendaient être les chefs réels de l’Église d’Orient. Aux débats doctrinaux s’ajouta donc un conflit quasi permanent entre l’Église et l’État, qui revêtit parfois des formes très violentes (ainsi, avec l’arrestation et la mort du pape Martin Ier en 655).

Deux autres éléments jouèrent dans cet éloignement entre les deux Églises un rôle considérable. D’une part, les différences linguistiques (le grec et le latin) et liturgiques accentuèrent l’incompréhension suscitée par des modes de civilisation presque étrangers l’un à l’autre. D’autre part, lorsque, au milieu du VIIIe siècle, la papauté décida résolument de lier son destin à celui des Carolingiens, puis devint l’un des garants de l’empire recréé par Charlemagne en 800, elle précipita la séparation, ayant comme excuse de ne plus pouvoir compter sur l’assistance byzantine en Italie et profitant par ailleurs de l’occasion qu’elle avait de mettre en avant de nouvelles querelles dogmatiques (ainsi, à propos de l’iconoclasme).

Dans la seconde moitié du IXe siècle, le conflit rebondit à l’occasion de luttes intestines dans l’Église grecque. Le patriarche de Byzance, Ignace, ayant été forcé pour des raisons politiques de se démettre de ses fonctions, fut remplacé par un laïque, Photius, irrégulièrement élu et irrégulièrement consacré. Les deux adversaires s’étant entre-excommuniés, le pape Nicolas Ier dépêcha des légats en Orient et, après diverses péripéties, déclara Photius privé de toutes ses dignités. Celui-ci d’abord soutenu par l’empereur Michel III, fut abandonné par son successeur Basile Ier le Macédonien et excommunié à la fois par Rome et par Byzance (869). Il parvint cependant à regagner les faveurs du souverain après la mort d’Ignace et dirigea alors l’Église byzantine en rupture avec Rome. Quelques années plus tard, toutefois, le pape Jean VIII accepta d’annuler la sentence d’anathème, ce qui mit fin au schisme, les deux Églises continuant néanmoins à s’ignorer.

Dès lors, en effet, l’éloignement était trop ancien et trop profondément enraciné pour qu’une nouvelle union pût être véritablement établie. Pendant un siècle et demi les Églises n’eurent pratiquement pas de relations, puis les passions resurgirent au milieu du XIe siècle avec le patriarche Michel Cérulaire, qui se heurta à l’intransigeance de l’Église romaine. Dès 1050, il traita les Occidentaux d’hérétiques, puis il fit fermer les églises latines de Byzance et multiplia les accusations contre leurs clercs. Sur l’ordre de Léon IX, le cardinal Humbert réfuta les thèses grecques et, prenant l’offensive, combattit le mariage des prêtres (pratiqué en Orient depuis l’Antiquité); il déclara contraire au dogme la radiation de l’expression Filioque dans le credo oriental, ce qui entraînait selon lui une erreur sur la procession du Saint-Esprit. Envoyé comme légat en Orient et fort mal accueilli, le cardinal prononça, le 16 janvier 1054, l’excommunication et la déposition de Michel Cérulaire. Celui-ci, à son tour, lança l’anathème contre les Latins.

Le schisme était consommé, l’Église grecque ne reconnaissant plus la moindre autorité à la papauté. Tous les peuples convertis par les Byzantins ou en étroites relations avec eux, comme les Serbes, les Bulgares, les Roumains et les Russes, y furent entraînés. Malgré des réconciliations éphémères au XIIIe siècle (concile de Lyon, 1274) et au XVe siècle (concile de Ferrare-Florence, 1438-1439), il dure jusqu’à nos jours; un rapprochement s’accomplit dans le cadre de l’œcuménisme depuis le pontificat de Jean XXIII.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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  • orient — [ ɔrjɑ̃ ] n. m. • 1080; lat. oriens, p. prés. de oriri « surgir, se lever » I ♦ 1 ♦ Poét. Côté de l horizon où le soleil se lève. ⇒ levant; est. L orient et l occident. Fig. « Tant de choses éclatantes ont eu leur orient et leur couchant »… …   Encyclopédie Universelle

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